Ancien Responsable de la trésorerie intérimaire d’ASOS, retailer mondial en ligne côté au FTSE 250 et dont le chiffre d’affaires annuel s’élève à 4 milliards de livres sterling.
Ancien Responsable régional de la trésorerie de Transfast, une société Mastercard.
Actuellement Managing Director de Langdon Capital.
10 conseils pour mieux gérer son Cash
Conseil #1 : Attention aux méthodes de prévision de trésorerie des transactions “très probables” en B2C
Chez ASOS plc, nous vendions des produits de mode à des consommateurs dans le monde entier. Comme pour toute entreprise de consommation, nous avons collecté des liquidités par l’intermédiaire d’un portefeuille d’acquéreurs. Ces derniers vont des acquéreurs de cartes de crédit et de débit aux acquéreurs “Buy Now Pay Later” (“acheter maintenant, payer plus tard”). Le nombre et les noms des acquéreurs ne sont pas divulgués pour des raisons de confidentialité. L’argent était collecté dans différentes devises et représentait une source de financement essentielle pour faire face aux coûts fixes et variables de l’entreprise. Ce qui inclut le paiement des fournisseurs de stocks et autres, les salaires, les frais d’expédition, les taxes et toute une série d’autres dépenses. Il était essentiel d’avoir une visibilité sur le montant futur de trésorerie qui serait reçu quotidiennement pour comprendre comment gérer le Cash de la manière la plus rentable. C’est-à-dire, savoir si la trésorerie devrait :
- transférer de la liquidité entre les entités juridiques,
- balayer du Cash vers des comptes de trésorerie opérationnels,
- liquider des investissements sur le marché monétaire
- ou convertir du Cash entre les devises,
afin de payer les diverses obligations financières à mesure qu’elles arrivent à échéance.
Pour optimiser la visibilité des entrées de trésorerie générées par les ventes aux consommateurs, le département trésorerie s’est appuyée sur des prévisions basées sur plusieurs données. Ces dernières sont les données historiques des ventes qui permettent de générer les prévisions des ventes futures. Cela en utilisant une méthodologie quantitative de prévision par régression linéaire ajustée, pour tenir compte de la saisonnalité de l’activité. Parallèlement, l’équipe Finance commerciale a produit des prévisions plus qualitatives des ventes mondiales aux consommateurs, en incorporant des tendances macroéconomiques et microéconomiques dans leur processus de prévision. Telles que les taux de croissance sectoriels, les diversités géopolitiques et les conditions macroéconomiques mondiales et régionales. L’entreprise tempère une méthodologie de prévision par rapport à l’autre afin de formuler les prévisions les plus complètes et les mieux informées possibles. Il est beaucoup plus facile de prévoir les flux de trésorerie contractuels, car leur probabilité de réalisation est de 100%. Si la prévision des transactions très probables s’avère matériellement incorrecte, cela pourrait se traduire par des couvertures de change mal dimensionnées et des déficits et excédents de trésorerie inattendus au sein du groupe.
Conseil #2 : Investir de l’argent efficacement pour une entreprise riche en liquidités
L’objectif premier de toute trésorerie doit être d’optimiser le rendement tout en minimisant le risque de crédit du portefeuille d’investissement. Les fonds du marché monétaire offrent généralement une liquidité quotidienne et des rendements compétitifs. Néanmoins, les rendements peuvent être encore améliorés si les liquidités sont investies pour des durées plus longues dans des dépôts du marché monétaire. En effet, les institutions de dépôt récompensent souvent les dépôts à plus long terme par des rendements plus élevés, ce qui permet d’obtenir une courbe de rendement ascendante. Les rendements peuvent être encore améliorés en investissant dans des dépôts structurés, en incorporant à la fois des éléments de durée et de risque de marché dans les caractéristiques du dépôt. On peut citer à titre d’exemple les dépôts à double devise liés au taux de change, les dépôts “Wedding Cake” liés au taux de change, les dépôts à fourchette d’accumulation remboursable liés au taux d’intérêt et les produits structurés convertibles inversés liés à des actions. Ces produits structurés peuvent se situer en dehors de la politique de trésorerie de l’entreprise, de son appétit pour le risque et peuvent ne pas répondre aux exigences de la comptabilité de couverture, si l’entreprise est cotée en bourse et que cela est important pour elle. Les produits structurés peuvent être :
- à capital entièrement garanti, c’est-à-dire que 100 % du capital investi est garanti ;
- à capital partiellement garanti, c’est-à-dire qu’une partie du capital est garanti, par exemple 90 % ;
- à capital entièrement à risque, c’est-à-dire que 100 % du capital est à risque ;
- ou à effet de levier, c’est-à-dire que le déposant peut perdre plus de 100 % du capital initial investi.
Les produits structurés sont moins couramment utilisés par les entreprises lorsqu’elles investissent des liquidités, mais certaines trésoreries ont optimisé leurs rendements grâce à leur utilisation.
Conseil #3 : Le besoin d’un TMS avec une connectivité API aux comptes bancaires pour une visibilité en temps réel ou quasi-réel du solde des comptes
Disposer d’une visibilité en temps réel ou quasi réel sur les comptes bancaires d’une entreprise est essentiel pour une gestion efficace de la trésorerie. Cette visibilité peut être obtenue grâce à l’utilisation d’un système de gestion de trésorerie (Treasury Management System) doté d’une interface de programmation d’applications (API) permettant de communiquer avec les comptes bancaires. Un TMS peut fournir une plateforme centrale pour toutes les activités de gestion de trésorerie, permettant aux équipes de visualiser et de gérer les liquidités sur plusieurs comptes et dans plusieurs devises. Outre la visibilité des soldes de trésorerie et de l’activité des transactions, un TMS peut également offrir des fonctionnalités de prévision de trésorerie, de gestion des liquidités et d’analyse des frais bancaires. Cela peut aider les équipes de trésorerie à optimiser leur position de trésorerie, à réduire les coûts d’emprunt et à minimiser les frais bancaires.
Conseil #4 : Gérer efficacement le DSO, les délais de paiement et le recouvrement
Il est essentiel de gérer efficacement les conditions de paiement afin de garantir des encaissements en temps voulu, de minimiser le délai de recouvrement des créances (DSO) et de réduire le risque de créances irrécouvrables. Des conditions de paiement claires doivent être communiquées aux clients dès le départ, les factures doivent être émises rapidement et des rappels de suivi doivent être envoyés si nécessaire. Il convient également d’accorder la priorité au recouvrement rapide afin d’améliorer la trésorerie, ce qui peut se faire en offrant des remises pour paiement anticipé ou en mettant en place un système de paiement automatisé.
Conseil #5 : Rationalisation des relations bancaires
Les entreprises ont souvent des relations bancaires multiples, ce qui peut entraîner une gestion fragmentée de la trésorerie et une augmentation des frais bancaires. La rationalisation des relations bancaires peut contribuer à optimiser la gestion de la trésorerie, à réduire les frais et à améliorer la visibilité. La consolidation des relations bancaires avec quelques banques principales peut également offrir un pouvoir de négociation et un meilleur accès aux sources de financement.
Conseil #6 : Mettre en place un système solide de gestion des DPO et des paiements
Pour s’assurer que les liquidités ne sont pas utilisées de manière inefficace ou perdues en raison d’erreurs ou de fraudes, il est important de disposer d’un système solide de gestion des paiements. Cela peut inclure des processus clairement définis pour approuver et effectuer des paiements, et l’utilisation de méthodes de paiement sécurisées telles que les paiements numériques ou les virements électroniques. Mais aussi l’examen régulier des dossiers de paiement afin d’identifier et de résoudre tout problème. Des solutions de financement de la chaîne d’approvisionnement peuvent être évaluées et mises en œuvre par des fournisseurs bancaires et des FinTech afin de minimiser le nombre effectif de jours d’impayés (DPO) tout en permettant aux fournisseurs existants de bénéficier des conditions de paiement en vigueur.
Conseil #7 : Mettre en place une prévision de trésorerie à 13 semaines
Pour gérer efficacement la trésorerie, il est important de la surveiller régulièrement et d’adapter les stratégies en conséquence. Souvent, les propriétaires de fonds d’investissement privés ou les créanciers d’entreprises confrontées à des périodes de difficultés financières demandent une prévision de trésorerie à 13 semaines afin de :
- Protéger leurs investissements en dette et en capital,
- S’assurer que les entreprises dans lesquelles ils investissent peuvent faire face à leurs obligations financières à mesure qu’elles arrivent à échéance,
- Recommander des mesures correctives aux entreprises dans lesquelles ils investissent, le cas échéant.
Conseil #8 : Effectuer des rapprochements bancaires réguliers et en temps utile
Le rapprochement des comptes bancaires consiste à comparer les transactions enregistrées par l’entreprise avec les relevés bancaires afin de s’assurer qu’elles correspondent. Cette opération est importante pour identifier les divergences et les erreurs, telles que les transactions manquantes ou en double, qui peuvent conduire à des soldes de trésorerie inexacts et potentiellement à des pertes financières ou à des problèmes de conformité. En effectuant des rapprochements bancaires régulièrement, de préférence quotidiennement, et en examinant et résolvant rapidement les écarts éventuels, les entreprises peuvent maintenir des registres de trésorerie précis et s’assurer que leurs rapports financiers sont fiables et conformes aux exigences réglementaires. En outre, l’automatisation du processus de rapprochement par l’utilisation de logiciels ou l’externalisation de la tâche à un fournisseur tiers peut contribuer à rationaliser le processus et à réduire le risque d’erreurs.
Conseil #9 : Mettre en œuvre des contrôles internes efficaces
Des contrôles internes solides sont nécessaires pour prévenir la fraude et garantir une gestion précise de la trésorerie. Il s’agit notamment d’établir des politiques claires en matière de manipulation de la trésorerie, de séparer les responsabilités en matière de gestion de la trésorerie et d’examiner et de réconcilier régulièrement les relevés bancaires et les soldes de trésorerie.
Conseil #10 : Des rapports sur la trésorerie et les liquidités conformes aux pratiques habituelles
Une fois que tous les systèmes, processus et contrôles nécessaires à la gestion de la trésorerie ont été mis en place, il est important d’établir un processus de reporting régulier de la trésorerie et des liquidités. Il s’agit notamment d’établir des rapports quotidiens, hebdomadaires et mensuels sur les positions de trésorerie, les entrées et sorties de fonds et la précision des prévisions. Les rapports doivent être standardisés, faciles à interpréter et fournis en temps utile à toutes les parties prenantes concernées, telles que le département FP&A, le directeur financier du groupe et le directeur financier. Des rapports réguliers permettent de s’assurer que toutes les parties prenantes sont au courant de la situation actuelle de la trésorerie et que tout problème ou préoccupation peut être traité rapidement. Il aide également à identifier les tendances et les risques potentiels, ce qui permet une gestion proactive des liquidités.
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