AccueilActualités« The Future of Payments » – Interview de Marion Laboure

Marion Laboure, économiste chez Deutsche Bank, revient pour Cashlab sur sa dernière étude : « The Future of Payments ».

Début 2020, 4000 consommateurs ont été interrogés sur les paiements. Les sujets abordés traitaient du cash, des cryptos… Compte tenu du succès rencontré, il a été décidé de renouveler l’expérience sur du B2B. Nous avons mis environ 6 mois pour mener notre enquête B2B, nous avons interviewé 600 Corporates, et retenu 250.

 

De manière générale, quelles sont les 3 principales tendances qui ressortent de votre étude ?

« La première tendance, c’est clairement la dématérialisation, avec l’utilisation généralisée des virements, des paiements par carte, des prélèvements automatiques et des factures en ligne. Bien sûr, ce n’est pas un phénomène nouveau, mais le contexte l’a largement amplifié.

La seconde tendance, c’est la baisse de l’utilisation du cash, probablement alimenté par les innovations comme le paiement instantané, l’intégration des API, l’intelligence artificielle, l’automatisation… Les paiements en cash étaient en baisse depuis des années, mais cela s’est accéléré par 4 voire par 5 avec la pandémie.

La troisième tendance, c’est l’évolution assez claire des solutions en temps réel que la plupart des entreprises vont utiliser, c’est-à-dire tout ce qui est ACH.

 

Ce qui répond à 3 défis liés au paiement des fournisseurs :

    • L’approbation des factures et paiements pour respecter les délais de paiement standards
    • Le traitement manuel, de la documentation bancaire et des KYC notamment
    • La gestion et mises à jour des coordonnées bancaires des fournisseurs de manière efficace et organisée. »

Voir l’étude en entier : https://bit.ly/3ggTj9P

 

Même question autour des tendances observées spécifiquement sur la trésorerie/le Cash Management ?

« C’est surtout la transformation des Business Models. Cela a clairement été un thème émergent de l’enquête.

Nous avons identifié 4 tendances :

Premièrement, le B2C.

Les grandes entreprises investissent de plus en plus dans le B2C. Elles veulent absolument toucher des consommateurs sans passer par des intermédiaires, avec un intérêt croissant pour l’e-commerce. Il faut savoir que sur l’année 2020, l’e-commerce a augmenté de 50% en Europe. Et nous prévoyons une croissance soutenue jusqu’en 2023. Cela va déclencher un besoin de solutions évidentes.

Deuxième tendance : le temps réel.
La trésorerie en temps réel est un enjeu majeur. Beaucoup de trésoriers souhaitent pouvoir surveiller et être informés des soldes des comptes en temps réel, ce qui peut s’avérer crucial en temps de crise.

Troisième tendance : les systèmes automatisés de comptabilité et les technologies de facturation électronique qui sont de plus en plus utilisés et demandés.

Quatrième tendance : la centralisation de la gestion de trésorerie.
On constate que les trésoriers sont prêts à rationaliser leurs comptes bancaires. Point intéressant : 20 à 50% des trésoriers ont l’intention de mettre en place des comptes virtuels. »

 

Selon vous, quels sont les enjeux de demain autour des fonctions de DAF/Trésorerie ?

« Je pense que la crise a mis en relief des dysfonctionnements importants, dans un monde de plus en plus digital.

Il y a plusieurs défis :

    • La protection contre la fraude et l’exposition liée à la sécurité des paiements. Il y a eu davantage de fraudes cette année.
    • Réduire le temps consacré aux erreurs de paiements.
      Les Corporates ont mentionné que 60% des paiements nécessitaient encore une intervention manuelle. Et chaque paiement prend environ 20 minutes.
    • La gestion du KYC, de la documentation de la banque, et les problèmes de conformité.
    • Avoir un accès en temps réel à toutes les transactions qui sont effectuées dans l’outil.
      Près de 54% des trésoriers estiment que l’un des problèmes urgents des paiements transfrontaliers est de retracer les paiements. Car ils n’arrivent pas à savoir exactement quels paiements ont été exécutés.
    • Suivre l’évolution de la technologie au jour le jour.
      Un défi qui finalement rejoint le premier car pour les fraudes il faut être à jour technologiquement parlant. D’ailleurs, selon Google, le nombre de sites de phishing enregistrés est à peu près de 2 millions. C’est-à-dire 20% de plus qu’il y a un an.
    • Sortir des solutions de paiements archaïques.

En effet, presque 50% des Corporates ont des problèmes de falsification de chèques, avec un taux de perte d’environ 20%. »

 

Vous dites que les dirigeants interrogés sont en majorité prêts à automatiser et changer leurs habitudes de paiements, pensez-vous que l’année 2021 pourrait être suffisante à tous ces changements ?

« On a connu une crise majeure, avec un bouleversement des tendances comme en 2007/2008.

2021 va clairement dans ce sens-là.

Car il y a de plus en plus de digitalisation et donc de Real-time pour pouvoir tout monitorer. Ce qui est utile lorsque l’on a des problèmes de trésorerie, de Cash et que l’on a davantage besoin de suivre ses paiements.

Nous verrons très certainement de nouvelles priorités apparaître en 2021. Et je pense que la tendance du « paperless » va s’intensifier, à tous les niveaux comme sur le légal où les signatures électroniques sont maintenant largement répandues. »

 

Vous parlez dans vos recherches des risques d’inexactitude lors d’un prévisionnel de trésorerie, pensez-vous que les dirigeants interrogés seraient prêts à utiliser un outil d’aide à la prévision ? Automatisé et connecté à leur ERP ?

« Si je replace les choses dans le contexte, à peu près la moitié des trésoriers considèrent qu’ils peuvent améliorer leur efficacité dans la prévision de trésorerie. C’est de loin le premier et principal gain d’efficacité potentiel selon eux.

    • Il y en a 1/3 qui déclarent que la gestion des comptes bancaires est une source de gains d’efficacité.
    • 1/4 qui veulent améliorer tout ce qui a trait au traitement de factures.
    • 1/5 qui ne sont pas contents des encaissements et veulent améliorer leurs processus d’encaissements des paiements.
    • Et 15% des directeurs financiers et trésoriers qui voient un gain potentiel d’efficacité au niveau des traitements des commandes d’achats.

Donc si on a un outil clé en main, qui aide à résoudre ces problèmes, qui analyse la gestion des dépenses, qui permet de monitorer les paiements en temps réel et d’améliorer la sécurité, il n’y aura aucune raison pour ne pas s’équiper.

En revanche, il faut que ce soit un outil clé en main, plutôt que plusieurs outils qu’il faille implémenter de manière différente.

La plupart des trésoriers se concentrent sur 3 priorités maximum dans l’année. Pour des tendances récentes comme l’intelligence artificielle ou la blockchain, ils n’auront pas forcément le temps nécessaire à leur accorder. »

 

Aujourd’hui, 48% des dirigeants français interrogés pensent que leur prévisionnel de trésorerie est l’élément le plus inefficace de leur opérationnel financier. Sur quels aspects et éléments concentrent-ils leur attention en période de crise ?

« La crise a réorganisé les priorités des DAF et des trésoriers. Et je pense qu’aujourd’hui ils sont plus concentrés sur 5 priorités :

    1. Maintenir l’accès à la liquidité et aux crédits
    2. Mettre en œuvre des procédures de backup
    3. Créer une visibilité totale du Cash avec toutes les transactions du monde entier
    4. Déterminer les besoins de trésorerie à court et moyen termes
    5. Évaluer tout ce qui est « current exposure ».

Point important : ils se concentrent de plus en plus sur des actions qui apportent du bénéfice à court-terme. Cette pratique s’accentue à l’heure où il y a urgence de rattraper des mois de non-activité. »

 

Vous pouvez retrouver l’intégralité de l’étude via ce lien : https://bit.ly/3ggTj9P

 

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